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Fan Fic

Les nouveaux Avatars

Chapitre III




Adossé à un vieil arbre solitaire qui se dressait sur une colline verdoyante, Shu regardait le ciel étoilé. La veille à la même heure, il n’avait été qu’un gamin parmi tant d’autres, avec des talents précoces pour la Maître de la Terre et qui vivait en compagnie d’une grand-mère autoritaire et d’un père qui avait endossé le rôle de son meilleur ami. Il laissa quelques larmes couler le long de ses joues en hommage à cette vie qui avait prit fin à la mort trop prématuré de celle qu’il avait toujours cru s’appeler Katara.

Maintenant il était un Fils de l’Eau, frère jumeau de l’Avatar dont il partageait les pouvoirs et la mission, et son père, le seul lien encore tangible avec son ancienne existence, était devenu un simple oncle. Il n’était pas encore près à tourner le dos à seize ans de vie équilibré, et même si il savait que son vrai père était quelque part dans le pôle nord, il se refusait à appeler Buni autrement que « papa ».

« Tu n’arrives pas à dormir ? », lui demanda ce dernier qui était étendu juste à côté. « Si tu veux continuer de parler… ». Il n’en dit pas plus, attendant une réaction de son « fils ».

« Que pourrais-tu me dire sur mon vrai père ? », finit par demander le jeune homme tout honteux. Buni ne s’en offusqua pas le moins du monde et il commença :

« Borak a toujours été considéré comme le meilleur guerrier de la Tribu », expliqua-t-il. « Il était grand, fort, et les filles étaient toutes folles de lui ; ajoute à ça ses faits d’armes, il était parfait sur tous les points ».

« Maman aussi était folle de lui ? », le questionna Shu.

« Non », répondit Buni en riant. « Elle le repoussait à chaque dois qu’il faisait mine de se rapprocher d’elle, c’était déjà une sacrée fille à l’époque ». Buni se tue pendant quelques secondes où il s’autorisa de rêver de cette époque. « Mais un jour Borak est revenu grièvement blessé d’une parti de chasse à la baleine, et comme Karine était la meilleur guérisseuse de notre Tribu, ils ont finalement été forcé de passer suffisamment de temps ensemble pour apprendre à se connaître ; ta mère l’a longtemps soupçonné de s’être blessé exprès ». Et il rie de bon cœur. Lorsqu’il parlait de son peuple, Buni avait le regard de ceux qui se languissait de leurs foyers ; c’était un aspect de son père qu’il découvrait pour la première fois.

« Maman était un Maître de l’Eau ? », demanda-t-il.

« C’est elle qui m’a formé », confirma Buni. « A la mort de Katara, c’est elle qui a reprit le flambeau pour enseigner la Maîtrise de l’Eau à la nouvelle génération ».

« Katara ? », s’étonna Shu.

« Oui, Katara était la femme dont s’était épris l’ancien Avatar ; Toph et elle étaient les meilleures amies et c’est en son souvenir que ta grand-mère à choisit de porter ce nom ».

« C’était donc bien un nom du peuple de l’Eau », lança Shu. « La femme du meunier le reprochait souvent à mamie ».

« Oui », approuva son père. « Moi j’ai choisis Buni en mémoire d’un ami mort peu de temps avant ta naissance ; c’était un Fils de la Terre qui avait choisit de vivre parmi les nôtres avant que ne débute le conflit ».

« Ça va te faire drôle de te faire appeler par ton vrai nom lorsque nous seront de retour au Pôle Nord », dit innocemment Shu. Cette simple remarque laissa Buni sans voix. « Tu voudrais aller là-bas ? », demanda ce dernier.

« Nous sommes recherché par les Guerriers de la Terre », répondit Shu. « Et si je suis l’Avatar, je dois apprendre à manier l’Eau ; où pourrais-je apprendre mieux que là-bas ? ». Buni sourit de toutes ses dents. « Et comme ça je pourrais rencontrer ma sœur », ajouta le garçon à présent rêveur. Il pensait aussi à rencontrer Borak, mais il n’en dit rien par peur de blesser Buni.

Il savait que quoi qu’il arrive ce serait toujours lui son père, mais la curiosité était trop forte. Il voulait rencontrer l’homme que sa mère avait choisit.


Pendant les jours qui suivirent, Shu et Buni persistaient à porter leurs noms d’emprunts.Ils avaient entrepris un voyage incognito sans recourir à leur Maîtrise des Eléments. Ils allaient donc vers le nord, comptant sur la force de leurs jambes et sur leurs talents de pêcheur et de chasseurs pour trouver à manger une fois qu’ils eurent terminé les provisions qu’ils avaient emporté le jour de leur départ forcé. Pendant qu’ils marchaient, Shu continuait de questionner son père sur leurs origines communes. Mais si il était capable de répondre à toutes les questions qui concernaient le passer, il en était tout autre lorsqu’on s’intéressait au présent ; cela faisait trop longtemps qu’il avait été coupé de son peuple.

Les nuits, ils les passaient le plus souvent à la belle étoile après un entraînement difficile du maniement du sabre. « A quoi bon se servir des armes ? », se plaignit Shu en massant ses bras rendu douloureux par les coups que lui portait Buni avec les bâtons qu’ils utilisaient pour l’apprentissage. « Si on doit se battre, la Maîtrise des Eléments sera plus efficace que n’importe quel sabre ». Mais à cela Buni répondit en lui donnant une petite tape sur l’arrière du crâne. « Que peut faire un Maître de l’Eau au milieu du désert ? », demanda-t-il. « De quoi est capable un Fils du Feu au fond de l’eau ? ». Il soupira. « Il arrive parfois que les plus Grands Maîtres se retrouvent aussi vulnérables que des oisillons ». Shu ne fit aucune remarque et avala son repas qui se limitait en tout et pour tout à deux tranches de lards fumé et une miche de pain sec.

« Comment as-tu appris à manier le sabre ? », demanda le garçon après un moment. « C’est une arme habituellement utiliser par les Fils de la Terre ».

« Même si elle était aveugle, ta grand-mère aimait assister aux entraînements des Gardien du Temple de la Terre lorsqu’elle y vivait ; je n’ai jamais connu de Maître plus intransigeant qu’elle ».

« A qui le dis-tu ? », confirma le garçon qui revit les années passés à apprendre la Maîtrise de la Terre sous la tutelle de la vieille femme au caractère si bien trempé. Puis ils se couchèrent pour dormir.

Ce soir là Shu fit un nouveau rêve dans lequel se trouvait la jeune fille enfermée dans sa tour. Cette fois elle ne pleurait pas, comme dans son premier rêve, elle se tenait devant une petite lucarne par où elle apercevait le croissant de la lune entouré d’étoiles à qui elle dédiait une chanson. Sa voix était douce et pure comme de l’eau claire, et les paroles de sa chanson traitaient de ceux que l’on aimait et qui nous avaient quitté. Après un moment elle pleura mais même là elle continua de chanter jusqu’à la fin de sa chanson.

Finalement Shu se réveilla et porta une main à son visage. Lui aussi avait pleuré ceux qu’il aimait.


Lorsqu’ils arrivèrent enfin sur les rives du grand océan à l’extrême nord des Royaumes de la Terre, cela faisait presque un mois et demi qu’ils avaient été forcé de fuir leur village. Si il ne le maîtrisait pas totalement, Shu avait maintenant de très bonnes bases dans le maniement du sabre, et en plus de cet entraînement Buni avait depuis peu entreprit de lui enseigner l’art de la Maîtrise de l’Eau. C’était donc totalement à bout de force qu’il s’endormait chaque soir, et parfois il lui arrivait encore de rêver de la belle inconnue.

Il ne savait absolument rien de cette fille, mais chaque fois il s’y attachait un peu plus, et le fait qu’elle soit enfermée seule dans une tour de pierre le peinait. Il aurait voulu être comme ces héros dans les histoires de sa grand-mère, ces Maîtres des Eléments qui arrivaient dans les villages, tuaient les monstres, et qui repartaient avec celle qu’ils avaient sauvés. Et à quoi bon, se dit-il. Que pouvait-on faire pour un rêve ?

De son côté, Buni avait fait le choix d’acheter un petit bateau de pêche afin de poursuivre leur voyage par la mer. Il s’agissait d’un petit voilier décoré aux couleurs du royaume de la Terre. « Ça nous permettra de voyager sans encombre sur les mers contrôlé par les Fils de la Terre », expliqua-t-il. « Et si nous rencontrons des Fils de l’Eau, je n’aurais qu’à user de ma Maîtrise pour qu’on nous laisse en paix ». Ils avaient donc fabriqué quelques cannes à pêches rudimentaires et acheté des filets pour pourvoir à leurs besoins, et ils avaient aussi embarqué de grandes quantités d’eau potables.

Mais si Shu était soulagé d’apprendre qu’il serait dispensé de l’entraînement au sabre pour un temps, il devait maintenant consacrer une plus grande partie de ses journées à la Maîtrise de l’Eau. Plus intransigeant que jamais, Buni le forçait à exécuter toutes sortes d’exercices comme former une petite boule d’eau qu’il devait faire passer d’une main à l’autre pendant des heures –il se retrouva trempé à plus d’une reprise-, ou encore de faire geler cette même boule pour lui redonner ensuite de forme d’origine – cette fois il s’était retrouvé avec les mains bloqué dans la glace.

Ces nouveaux entraînements étaient particulièrement épuisant, mais malgré tout Shu s’efforçait d’être le plus sérieux possible. Après un moment, Buni enleva la voile sans raison. « Maintenant nous allons étudier une nouvelle façon d’utiliser la Maîtrise de l’Eau », expliqua-t-il enfin. « Lève toi et fais avancer le bateau ». Sans vraiment savoir comment il devait s’y prendre, Shu prit l’une des postures les plus classiques que lui avait enseigné sa grand-mère. « Vas toujours au plus simple », lui avait-elle conseillé. Mais Buni ne semblait pas du même avis. « Moins rigide sur tes jambes », lui dit-il. « Plus souple ; lorsque tu uses de la Maîtrise de l’Eau, tu ne dois pas faire corps avec elle mais suivre son mouvement ».

Shu se força à se détendre. « Tu ne dois pas lui imposer ton rythme », disait son père. « Mais suivre le sien et faire en sorte de le diriger dans le sens que tu auras choisis ».

Le jeune homme se concentra donc sur l’eau, tentant de comprendre les variations des courants et de calquer son propre rythme à celui-ci. C’était un exercice très difficile pour un Maître de la Terre, car il devait faire corps avec son élément pour renverser son rythme et lui en dicter un autre, mais avec l’eau c’était l’inverse ; cette fois c’était la nature qui prenait les rênes. « Je t’ai enseigné les mouvements du Tai Chi pendant des années en t’expliquant que c’était bon pour toi », l’encouragea Buni. « Et ce sont justement ces mouvements qui sont utilisé par les Maîtres de l’Eau lorsqu’il usent de leurs arts ».

Après des minutes interminables pendant lesquelles le bateau continuait de dériver, Shu exécuta ces mouvements fluides et gracieux qu’ils avaient répété chaque matin avec son père depuis aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir. Il finit par comprendre cet élément nouveau mais pourtant si familier, et dans un mouvement de la main il fit se lever une petite vague qui retomba dès qu’il le remarqua. « Très bien », lui dit Buni à présent tout sourire. « Maintenant fait exactement la même chose de façon à ce que le courant pousse l’arrière du bateau ; toi ne pousse pas, dirige ». Et Shu fit ce qu’on lui demandait. Lentement dans un premier temps, puis de plus en plus rapide à mesure qu’il gagnait en confiance.

« Ne cherche pas à contrôler les courants », l’avertit Buni avant qu’il ne perde le contrôle à cause de ses mouvements de bras trop brusque. « Contente toi de les rediriger ; la Maîtrise de l’Eau n’est jamais rien d’autre qu’un travail d’équipe ». Et Shu se força à ralentir pour privilégier la fluidité du mouvement sur la vitesse, et à sa grande surprise cela suffit à ce que le bateau gagne en rapidité. Satisfait, Buni lui demanda de s’arrêter « en douceur », et il remit la voile pour qu’ils profitent des vents favorables.

Ils ne firent plus rien pendant le reste de la journée, et c’est sans difficulté que Shu s’endormit, satisfait de lui comme il ne l’avait pas été depuis l’époque où il apprenait la Maîtrise de la Terre avec sa grand-mère.

Dès ce moment, la Maîtrise de l’Eau se fit plus facile pour Shu qui apprenait toujours plus vite les enseignements de son père. Et un jour ce dernier posa une main sur la surface de l’eau et celle-ci se solidifia sur rayon de huit bons mètres. Le bateau était prit dans la glace et c’est comme si de rien n’était qu’il posa le pied au sol. « Nous allons maintenant voir les principes de base au combat », dit-il en faisant signe au garçon de le rejoindre. « Cette fois les choses seront plus différentes car chacun de tes mouvements serviront à guider l’élément liquide ; mets toi en position s’il te plaît ».

Shu adopta une position décontracter et il se concentra sur les courants existants dans l’eau comme dans la glace. En face de lui Buni lança sa main en avant et un petit jet d’eau le frappa à la poitrine. « En temps normal, ça aurait été une flèche de glace », expliqua-t-il à son élève trempé. « Mais nous verrons cela plus tard ; reproduit mon mouvement ».

Shu le fit mais rien ne se produisit. « Tout ton corps doit participer à ton mouvement », lui expliqua Buni. « Maintenant recommence ». Lentement mais sûrement, Shu apprit à manier l’eau à distance et plus il s’exerçait plus ses jets d’eau étaient précis. Après plus d’une heure, les deux Maîtres étaient trempé jusqu’aux os mais ils étaient tout de même satisfait. Ils remontèrent à bord de leur embarcation et Buni fit fondre la glace pour qu’ils puissent repartir. Dans un autre mouvement fluide le Maître appela toute l’eau qui imprégnait les vêtements de son élève et la fit retomber dans l’océan. Sec et étonné, Shu se contenta de sourire.

Après deux semaines de traversé, les deux compères finirent pas croiser pour la première fois un autre bateau. Ils étaient contents, surtout parce que leurs réserves d’eau étaient au plus bas et que les poissons se faisaient rares dans la région. Mais là où ils étaient vraiment aux anges s’était parce qu’il s’agissait d’un navire des tribus de l’Eau.

Sans attendre, Buni mit le cap vers eux et tous les deux leurs firent de grands gestes pour signaler leur position. Seulement ils avaient fini par oublier un petit détaille : leur voilier portait les couleurs du peuple de la Terre. Sans prévenir, les hommes de la tribu de l’Eau usèrent de leurs Maîtrise pour geler tout ce qui les entourait. Au début Buni ne tenta rien, mais lorsque des pointes de glace commencèrent à perforer la coque du bateau, il se décida à agir.

Avec des gestes amples et gracieux, il fit disparaître la glace pour ensuite appeler les courants marins qui propulsèrent leur embarcation en avant. Shu, quant à lui, se chargea de geler les orifices par lesquelles l’eau s’infiltrait. La coque ainsi colmatée, le voilier fila sur l’eau et c’est d’une voix puissante que Buni s’adressa aux siens.

« Salut à vous, peuple de l’Eau ! », dit-il aussi content que furieux de cet accueil musclé. « Est-ce ainsi que l’on reçoit deux frères qui veulent retrouver leurs foyers ? ».

« De quelle tribu venez-vous ? », lui demanda une voix depuis le navire.

« De celle du Nord ! ». Visiblement Buni ne voulait surtout pas se laisser démonter. « Notre bateau est maintenant trop endommager pour continuer, nous laisserez-vous monter à bord du vôtre ? ». Après une discussion animée à bord du navire de guerre, quelqu’un fit se dresser une gigantesque vague qui se solidifia de façon à former un escalier de fortune.

Buni en tête, les deux compagnons montèrent les marches pour se retrouver en face de plusieurs visages durs et fermés. « Je me nomme Maho, Fils de Hako », répondit Buni à la question silencieuse que tous semblaient lui pousser. « Et voici Shu, Fils de Borak ». Des murmures parcoururent le pont et bientôt quelqu’un du nom de Saro les invita à se joindre à eux, car ils allaient eux aussi vers la capitale de la Tribu de l’Eau du Pôle Nord.


Fin du chapitre 3.



By Syds



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